Depuis le début de mon implication dans le monde de l’entrainement, du fitness et des sports de force, il y a plus de douze ans déjà, le cheat meal (ou repas de triche) était un concept très répandu. On le préconisait notamment pour favoriser la croissance musculaire et la récupération, puis pour « booster » le métabolisme du sportif.
Pour avoir le privilège de consommer ce repas de relâche, il fallait avoir été strict et structuré durant toute la semaine. C’est lors de celui-ci que nos judicieux choix alimentaires solidement ancrés dans notre routine étaient écartés pour quelques heures. Le principe de base est donc bien simple : se permettre plusieurs interdits alimentaires en un seul repas, ou parfois dans une journée entière, sans restriction calorique.
Bien que le concept puisse paraître alléchant pour certains individus, on observe parfois des répercussions négatives à différents degrés sur les aspects physique et psychologique d’une personne. Prenons l’exemple d’une sportive qui adopte une alimentation stricte, contrôlée, platonique et peu variée depuis plusieurs mois en prévision d’un événement sportif qui requiert un poids spécifique. Son seul plaisir lié à l’alimentation réside en l’adoption d’un repas de triche le samedi qui consiste habituellement en une pizza grand format, des frites et de la crème glacée. Cette dite sportive développe littéralement une obsession pour ce repas, à cause d’une approche trop drastique 99 % du temps. La même routine s’installe en continu, semaines après semaines.
Certains spécialistes de la nutrition sportive perçoivent l’apparition occasionnelle de comportements qui s’apparentent à de légers signes de troubles hyperphagiques à la suite de l’instauration d’une telle routine (consommer de grandes quantités de calories, se gaver…)
D’un point de vue métabolique, l’aspect négatif majeur du cheat meal réside dans le surplus des apports caloriques en comparaison avec les journées typiques. En effet, lors des journées de triche, un sportif peut consommer de deux à quatre fois plus de calories que les jours réguliers et un seul cheat meal peut contenir autant de calories qu’une journée traditionnelle. Le corps n’est évidemment pas prêt à subir un tel « choc énergétique ». Le sportif tricheur risque un stockage accru de graisses corporelles, de la rétention d’eau et des troubles gastrointestinaux. Cela dit, le cheat meal peut possiblement permettre une amélioration de la récupération car les besoins énergétiques sont assurément comblés lors de cet excès alimentaire. Il peut refaire une partie des stocks en glycogène si nous sommes en période de restriction glucidique.
Et maintenant, quelles sont les recommandations ?
Depuis quelques années, une approche plus flexible et orientée vers le ratio protéines-glucides-gras semble davantage préconisée par les experts auprès des sportifs en résistance (musculation, Crossfit, Fitness, etc.). Concrètement, on se permet des petits écarts de temps en temps, voire de façon quotidienne. Je n’aime pas trop parler de pourcentage et de calculs, mais de façon générale, on pourrait recommander qu’entre 80% et 90 % des calories soient contrôlées quotidiennement dépendamment du contexte sportif et de l’individu. Par conséquent, de 10% à 20 % des apports énergétiques sont associés à la consommation d’aliments « plaisir » qui cadrent dans nos ratios des macronutriments. De cette façon, nous adoptons une philosophie qui tend vers modération plutôt que vers la privation. Voilà qui facilite une structure alimentaire acceptable, qui permet l’atteinte des objectifs et limite les épisodes de gavage. Avouons-le: on a toujours besoin de notre petit bonbon (du moins, la plupart d’entre- nous…)!
Au-delà du cheat meal, il existe également d’autres approches alternatives comme, par exemple, l’alimentation cyclique qui consiste en l’adoption de journées plus basses en glucides en combinaison avec des journées plus élevées au cours de la même semaine. Ou, finalement, pourquoi ne pas laisser notre rythme de vie et le destin dicter nos envies en gardant en tête le concept de la modération? Être flexible sur 1 à 2 repas hebdomadaires, avec vos amis, sans trop exagérer sur les quantités ?
Bref, je vous suggère d’opter pour une stratégie que vous pourrez maintenir sur le long terme et avec laquelle vous serez à l’aise! Si vous avez des objectifs spécifiques en matière de sports, consultez un/une nutritionniste du sport qui saura vous guider adéquatement et vous proposera une stratégie convenable en terme de flexibilité !